Faut-il nécessairement posséder un côté sombre pour écrire des thrillers psychologiques et des drames ? Doit-on avoir subi des tragédies pour mieux aborder des sujets brûlants ou pas très agréables ?
Peut-être que oui… ou peut-être que non.
Pour ma part, je pense que chacun a sa méthode et que l’imaginaire doit aussi faire sa part du travail. On ne doit pas nécessairement être accro aux romances pour écrire des histoires d’amour, apprécier les thrillers pour s’immerger dans la noirceur et chercher le côté sombre de l’homme, avoir fait des études de médecine pour mieux appréhender l’anatomie du corps humain, ni être fan de séries policières pour se lancer dans des polars.
Personnellement, j’adore les films de Noël. Est-ce que cela me permettra, un jour, d’écrire un conte de Noël ? Non, je ne pense pas… Même si j’ai déjà essayé et que le résultat dort quelque part dans mon disque dur. Cela dit, je suis tentée par l’écriture d’un thriller de Noël ! Ceux qui me connaissent n’en seront pas étonnés.
En revanche, mon enfance et ma jeunesse médiocres, qui ne regardent que moi, m’ont donné envie de chercher ce qui fait que l’humain peut être aussi extraordinaire que banal, ordinaire ou quelconque. De même, je suis poussée par mon besoin et ma passion de comprendre pourquoi d’autres en arrivent à passer du côté obscur ou mélancolique de ce qu’il y a de plus beau dans la vie. D’où naissent la cruauté, l’agressivité, la férocité ? Comment peut-on devenir déloyal avec sa propre famille, perfide avec ses amis, hypocrite avec ses collègues, violent avec des inconnus ?
Ce sont des questions auxquelles je n’ai pas de réponses, et ce, malgré mes nombreuses lectures sur le sujet.
Existe-t-il quelqu’un, un scientifique, un psychiatre ou autre, qui puisse prétendre connaître la réponse, ou chaque cas est-il unique ? Est-on réellement à l’abri d’un changement de personnalité ? Par exemple, un sentiment de vengeance peut-il façonner un monstre ? Une infidélité forger la haine pour tout ce qui représente le bonheur en cherchant à détruire celui des autres ? La maltraitance peut-elle donner naissance au mal absolu ?
Parfois, je me dis que je vais un peu trop loin avec mes personnages. Prenons l’exemple de Jeanne Aubagio de la trilogie Et si…. Je me dis que si je l’avais en face de moi, je la secouerais un bon coup pour la réveiller et lui crier « Tu ne connais pas la chance que tu as, même si tu as la sclérose en plaques ! »
Ou bien Rachel, de La maison du bord de mer, qui décide de disparaître pour mourir tandis que sa famille s’inquiète, s’attend au pire dès que le téléphone sonne et que la police la recherche. Pourquoi a-t-elle fait ce choix terrible ?
Ou encore Camille, de Épiée, qui pense s’épanouir dans une relation virtuelle et qui génère le chaos dans sa vie.
Et ce ne sont que quelques exemples.
Si vous saviez combien de fois mes personnages changent de direction à la dernière minute.
Je suis une auteure qui ne planifie rien. Je ne sais jamais où l’histoire va me conduire, comment l’intrigue va se dérouler. Et je ne parle même pas de la fin ! À chaque fois, je me surprends moi-même. Je suis surprise de mon audace, de mes choix, de l’évolution de l’intrigue, alors même que je pensais avoir écrit le mot fin.
Mais une chose est certaine, quel que soit le roman que j’entame, il y a en lui une part de moi, que ce soit un thriller psychologique ou une tranche de vie. Je ne le fais pas consciemment. Cela fait probablement partie de l’exutoire que représente pour moi l’écriture, du bien-être que cela me procure, alors que la sclérose en plaques poursuit son chemin entre les routes sinueuses de mes neurones.
Sans elle, je ne serais pas la femme qui prends le temps de vous écrire ces quelques lignes, ni ces romans qui sortent tout droit de mon esprit tordu, à la recherche de réponses à toutes ces questions.